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L’héritage de l’exposition au mercure dans la communauté des Premières Nations Grassy Narrows

L’héritage de l’exposition au mercure dans la communauté des Premières Nations Grassy Narrows, Donna Mergler

11 novembre 2020, 12h-13h (HE)

Pour participer à la discussion, cliquez sur la vidéo afin d'être dirigés vers la chaîne YouTube du CReSP  .

Programmation complète des webconférences du CReSP.

Résumé

La communauté autochtone de Grassy Narrows du nord d’Ontario, subit depuis 50 ans les conséquences d’un des plus grands désastres environnementaux survenus au Canada.Une usine de chloralkali a déversé 10 000 kg de mercure dans le réseau hydrographique de leur territoire, privant la communauté l’accès à la pêche; les poissons étaient au centre de leurs traditions et culture, leur gagne-pain et un aliment hautement nutritif.

Depuis, plusieurs études ont mis en évidence les niveaux de mercure dans les sédiments et les poissons, alors que d’autres ont rapporté des cas de la maladie de Minamata parmi les membres de la communauté. En 2015, la communauté a initié une enquête porte-à-porte sur la santé (Community Health Assessment(CHA)), à l’aide d’un questionnaire adapté de l’enquête régionale sur la santé des Premières Nations (2008/2010). Le CHA, qui inclut 425 adultes et 353 enfants, a démontré que la santé de cette communauté autochtone est moins bonne que celle des autres au Canada et en Ontario.

Des analyses statistiques multivariées ont révélé que chez les adultes la consommation de poissons locaux, notamment pendant l’enfance, était un déterminant significatif de certaines conditions chroniques, du bien-être, ainsi que des symptômes de dysfonctionnement du système nerveux. Chez les enfants, des problèmes d’apprentissage et de comportement étaient fortement associés à la consommation de poisson de leur mère pendant la grossesse. Ces résultats ont donné suite à de nouveaux projets.

La communauté de Grassy Narrows a obtenu des données archivées de bio-indicateurs de mercure (sang du cordon ombilical, cheveux et sang), prises dans le cadre de programmes gouvernementaux de surveillance entre 1970 et 1997. Des analyses longitudinales ont démontré que les personnes décédées avant l’âge de 60 ans avaient plus de mercure que celles qui ont vécu plus longtemps. Présentement, les analyses se concentrent sur les relations existantes entre les symptômes, l’exposition prénatale, l’exposition pendant l’enfance et actuelle.

Depuis une cinquantaine d’années, la communauté de Grassy Narrows se bat pour une meilleure reconnaissance de leur vécu et l’amélioration de leurs conditions. Depuis peu, des projets se sont mis en marche visant la remédiation du mercure dans leur territoire. Le gouvernement canadien a aussi promis la construction d’un Centre de santé pour le mercure.

Judy Da Silva, membre de la communauté Grassy Narrows et activiste, participera également à travers un enregistrement vidéo.

Biographie des invités

Donna Mergler et Judy Da Silva

Donna Mergler
Département des sciences biologiques
Université du Québec à Montréal (UQAM)

Mme Donna Mergler (à gauche sur la photographie) est professeure émérite au Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), où elle a été professeure de physiologie depuis 1970. Elle est membre fondatrice du Centre de recherche interdisciplinaire sur le bien-être, la santé, la société et l’environnement (CINBIOSE). Ses recherches, menées au Québec, au Canada, aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Amérique latine, portent sur les premiers effets de l’exposition aux contaminants environnementaux (mercure, manganèse, pesticides, solvants organiques) sur le système nerveux des enfants et des adultes. Dans ses études, elle utilise des méthodes participatives en recherche-action et une approche écosystémique à la santé humaine.

De 1999 à 2002, elle a été chercheure-émérite du programme « Écosystèmes et santé » du Centre de recherches pour le développement international (CRDI). De 2004 à 2013, elle fut co-responsable du Communauté de pratique en écosystèmes et santé d’Amérique latine et les Caraïbes (COPEH-LAC). Entre 2008 et 2012, elle a dirigé l’équipe émergente des IRSC sur le genre, l’environnement et la santé. Ses recherches ont donné suite à de nombreux ouvrages (publications scientifiques, chapitres de livres, monographies), ainsi qu’à un grand nombre de conférences à travers le monde. Donna Mergler a reçu plusieurs prix de reconnaissance pour ses travaux.

À l’heure actuelle, elle mène des études en collaboration avec la communauté autochtone de Grassy Narrows sur les conséquences à long terme du déversement de 10 000 kg de mercure dans le bassin hydrographique de leur territoire.


Participante (vidéo préenregistrée) : Judy Da Silva (à droite sur la photographie) est activiste et leader dans sa communauté Asubpeeschoseewagong (Grassy Narrows) depuis les années 1980 lorsqu'elle apporta son soutien envers les femmes et les filles autochtones victimes de violences sexuelles, domestiques et raciales. Elle a ensuite continué son combat pour les droits autochtones. En octobre 2019, elle a reçu un doctorat honorifique de l'Université Wilfrid Laurier, pour son travail de plaidoyer pour sa communauté. Information publiée ici.

Nous vous invitons à connaître la campagne #soifdejustice lancée cette année.


Photo Officielle Marc-André Verner

Animateur : Marc-André Verner, chercheur au CReSP, professeur agrégé au département de santé environnementale et santé au travail de l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Son programme de recherche, qui recoupe les domaines de la toxicologie et de l’épidémiologie environnementale, vise à estimer l’exposition des femmes enceintes et des enfants à plusieurs contaminants de l’environnement et leurs effets sur la santé. Certains de ses travaux visent l’évaluation de l’exposition développementale aux contaminants chez les Inuits et Premières Nations.