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Une pomme par jour pour augmenter les revenus des agriculteurs

L'étude « Comparaison entre la demande des consommateurs pour les produits ultratransformés et celle pour les produits frais ou peu transformés : incidence sur les revenus des agriculteurs canadiens et sur le reste du système alimentaire » a été commandée et financée par Coeur + AVC. Elle a été menée  par Sabrina Rimouche, candidate au doctorat au Département de nutrition de l’Université de Montréal et membre étudiante du CReSP, sous la direction de Jean-Claude Moubarac, professeur adjoint au Département de nutrition et chercheur régulier au CReSP, et d’André Lemelin, de l’Institut national de la recherche scientifique.

Lire le rapport complet (en anglais)

Lire le résumé (en français)

Cette nouvelle recherche révèle que les revenus des agriculteurs sont touchés de manière négative lorsque les consommateurs achètent des aliments ultra-transformés plutôt que des aliments frais et peu transformés comme des légumes et des fruits. Étant donné que près de la moitié des calories totales consommées chaque jour par la population provient d’aliments à faible valeur nutritive et ultra-transformés, les résultats soulignent l’importance de tenir compte de la santé et de la nutrition dans toutes les politiques, y compris celles relatives à l’alimentation et à l’agriculture.

« Les agriculteurs ne reçoivent que quelques sous lorsque les gens achètent des aliments ultra-transformés comme des jus, des biscuits et des repas congelés », explique Jean-Claude Moubarac. « En fait, les agriculteurs reçoivent une part des revenus trois à huit fois supérieure lorsqu’ils vendent des produits frais aux consommateurs, par rapport à lorsqu’ils vendent ces mêmes aliments comme ingrédients pour la fabrication de produits ultra-transformés. » 

La recherche, commandée par Cœur + AVC, a permis d’évaluer l’incidence des dépenses des consommateurs pour onze catégories de produits alimentaires couramment consommés, classés comme étant « sains » ou « à faible valeur nutritive » en fonction du type de transformation subi et des recommandations en matière d’alimentation saine figurant dans le Guide alimentaire canadien. Une alimentation riche en produits ultra-transformés est associée à des taux plus élevés de maladies chroniques, y compris l’hypertension, les maladies du cœur et le diabète de type 2. Un modèle économique de toutes les transactions entre les secteurs de l’industrie, notamment les agriculteurs, les transformateurs alimentaires, le transport, l’entreposage et les intermédiaires commerciaux, a été utilisé pour savoir si les agriculteurs ont des revenus plus élevés lorsque les gens achètent des aliments frais et peu transformés comme des légumes et des fruits, ou lorsqu’ils achètent des produits ultra-transformés comme des jus de fruits et des collations salées. 

Le modèle a révélé que les agriculteurs obtenaient une part importante des revenus totaux lorsque les gens achetaient des aliments frais ou peu transformés comme des légumes et des fruits. Pour chaque dollar dépensé sur des pommes de terre fraîches, des légumes frais ainsi que des fruits frais et des noix, les agriculteurs ont reçu respectivement 21 ¢, 13 ¢ et 5 ¢. Pour ce qui est des aliments ultra-transformés, notamment les biscuits, les craquelins, les produits sucrés et les grignotines, leur revenu a chuté à 2 ¢ par dollar dépensé. Il a diminué encore plus, à 1 ¢ pour chaque dollar, pour les jus de fruits et de légumes. 

M. Moubarac souligne que des politiques qui soutiennent, promeuvent et protègent la production et la consommation d’aliments sains et peu transformés sont essentielles pour soutenir le secteur agricole et lutter contre la crise actuelle des maladies chroniques au pays. « Des politiques comme l’étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages, les restrictions sur le marketing des boissons et aliments à faible valeur nutritive ciblant les enfants, ainsi que celles qui répondent aux défis de la sécurité alimentaire, seraient avantageuses non seulement pour la santé de la population et de notre planète, mais aussi pour les revenus des agriculteurs. »